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Art et Chapelles, Chapelles d'hier, Artistes d' aujourd'hui
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2 août 2011

En saumurois: une chapelle, un artiste

http://ex-libris.over-blog.com/article-en-saumurois-une-chapelle-un-artiste-80314182.html

Ci-dessous, une copie du texte de ce blog paru hier:

 

En Saumurois : une chapelle, un artiste.

 

 

Du 25 juin au 15 août 2011, l'association Art et Chapelles, avec le concours de Patrimoine Religieux en Saumurois, propose un circuit artistique de 44 kilomètres dans sept chapelles de la région de Saumur. On en connaît le principe : il s'agit pour l'artiste de s'imprégner de l'atmosphère du lieu et d'y créer une œuvre qui le reflète ou, à tout le moins, en distille un écho.

La balade commence à Marson dans l'église Sainte-Croix (XII°- XV°- XVII° siècles) dont l'ancien vocable était celui de sainte Catherine. Inspiré par les statues du XVI° siècle à l'effigie de saint Sébastien et de sainte Catherine d'Alexandrie, le peintre Louis Harel a réalisé trois polyptiques en peinture à l'huile, rappelant le martyre du patron des archers et de la patronne des jeunes filles et des philosophes. Les triangles, censés suggérer les flèches dont fut victime le premier, répondent aux chevrons de la superbe charpente en carène renversée qui surplombe la nef. Si le trait de pinceau très appuyé rattache le peintre à l'expressionnisme, la vivacité des couleurs le rapproche de l'abstraction lyrique. L'ensemble témoigne d'une grande puissance d'expression.

 

A quelques kilomètres de là, le vidéaste Thierry Froger a investi Saint-Pierre de Meigné-sous-Doué, dont l'existence est attestée depuis le X° siècle. Si l'extérieur, très remanié au XIX° siècle, retient moins l'attention, il n'en est pas de même pour l'intérieur. Outre le beau bénitier de Claude Cordier dont le pied est orné de petits enfants nus, tels des putti, et la chaire avec les quatre évangélistes, on notera de curieuses représentations de saint Pierre et saint Paul, portant les attributs des papes du XVIII° siècle. L'artiste présente ici une « lessive » de cinq images, représentant chacune une femme qui indéfiniment lave un linge. Au-dessous, une série de bassines en plastique de couleurs vives, inspirées par le vitrail qui surplombe le porche, présentent des papiers chiffonnés, sur lesquels sont reproduits au tampon des visages féminins appartenant à des tableaux célèbres. Avec cette « installation », intitulée Les Suaires, et en interrogeant « images et corps à travers leur capacité d'apparition et de disparition », Thierry Froger invite à méditer sur le thème de la purification. Une création énigmatique et intrigante.

 

A quelques kilomètres de là, le vidéaste Thierry Froger a investi Saint-Pierre de Meigné-sous-Doué, dont l'existence est attestée depuis le X° siècle. Si l'extérieur, très remanié au XIX° siècle, retient moins l'attention, il n'en est pas de même pour l'intérieur. Outre le beau bénitier de Claude Cordier dont le pied est orné de petits enfants nus, tels des putti, et la chaire avec les quatre évangélistes, on notera de curieuses représentations de saint Pierre et saint Paul, portant les attributs des papes du XVIII° siècle. L'artiste présente ici une « lessive » de cinq images, représentant chacune une femme qui indéfiniment lave un linge. Au-dessous, une série de bassines en plastique de couleurs vives, inspirées par le vitrail qui surplombe le porche, présentent des papiers chiffonnés, sur lesquels sont reproduits au tampon des visages féminins appartenant à des tableaux célèbres. Avec cette « installation », intitulée Les Suaires, et en interrogeant « images et corps à travers leur capacité d'apparition et de disparition », Thierry Froger invite à méditer sur le thème de la purification. Une création énigmatique et intrigante.

 

En pénétrant dans l'église Saint-Laurent de Forges, on sera surpris par une organisation de l'espace très théâtralisée. Un très beau confessionnal, une chaire remarquablement sculptée, sous une voûte en plâtre à cintres surbaissés, précèdent un chœur voûté sur croix d'ogives gothiques, orné d'un décor bleu et doré peint au XVIII° siècle, et d'un retable. On retiendra une très belle table de communion en tuffeau, unique sans doute en Anjou. Le ciel étoilé du décor peint a donné l'occasion à la licière Laurence Marie de créer son propre firmament sous la voûte de plâtre blanc. « Finalement, j'occupe le plafond comme une réponse à celui du chœur » avoue-t-elle. Au bleu et au doré du XVIII° siècle elle oppose son ciel de morceaux de vivant tulle blanc et de boutons dorés. Ce faisant, se crée une scansion, un rythme de l'espace dans le lieu saint.

 

Dans l'église Saint-Hilaire de Montfort, aux étonnants contreforts arrondis en colonnes- uniques pour un édifice religieux- on admirera un retable typique de la Contre-Réforme. On y remarquera dans le haut à gauche un portrait en médaillon de Charles Borromée, grande figure de cette période troublée, peint par Philippe de Champaigne. Dans cet endroit, très théâtral lui aussi, le sculpteur Franck Loret a accroché au plafond de la nef, du porche au chœur, dans le sens de la longueur, une sculpture en papier mâché, qui représente une sorte de long maillage. L'ombre de l'ensemble est portée sur les murs latéraux, donnant ainsi de l'ampleur à cette création. Selon l'artiste, ces « fragments intérieurs » représentent la trace de tous ceux qui sont venus dans cette église. Les différentes parties du maillage, liées entre elles par de fins brins de métal, signifient le lien qui les unit à jamais. Une œuvre aérienne et discrète à la belle symbolique.

 

Cet après-midi-là, mon périple de découverte s'est achevé dans l'église Saint-Pierre d'Artannes. Je n'aurai pas vu l'œuvre du sculpteur Anne Martinuzzi-Compaint à Saint-Pierre de Dampierre-sur-Loire, ni celle du peintre Judith Wolfe à Saint-Pierre de Parnay.

Mais pour moi le point d'orgue de ce circuit en art aura été les toiles du peintre Ali Salem. Dans cette petite chapelle du XII° siècle, superbement restaurée depuis peu, l'artiste d'origine algérienne a travaillé pendant six mois sur le thème de la Crucifixion. Il propose ainsi à l'admiration du visiteur une petite quinzaine de toiles, rectangulaires dans la nef et triangulaires dans le chœur, « lancinance et répétition » étant au cœur de son œuvre. Dans ces peintures aux vives couleurs, la silhouette du Christ torturé se dessine avec force. Le thème est repris encore avec sept toiles, placées sur le mur sud, évoquant le martyre des moines de Tibihirine. Au-dessous, des tessons de faïence, des lampes à huile, du sable, font allusion aux cimetières maghrébins et aux marabouts. Mais le plus surprenant peut-être, c'est ce grand drapé blanc qui s'élève en croix victorieuse jusqu'au sommet de la nef, émergeant d'un parallélépipède de verre en forme de tombeau, rempli de tissus de couleur. La résurrection du Christ, fondement de la foi des chrétiens, se donne à lire ici dans tout son élan libérateur. Choix artistique d'autant plus étonnant pour un artiste d'origine musulmane : en effet si l'islam reconnaît en Jésus un prophète, il ne croit pas à la Résurrection, Toujours est-il que cette œuvre lumineuse est le vivant témoignage du regard d'un artiste ouvert et tolérant, qui interroges les signes, et qui a su exalter avec une belle puissance le mystère d'une foi qui n'est sans doute pas la sienne. Et par les temps qui courent, il me semble que c'est une démarche assez rare pour qu'elle mérite d'être signalée.

 

 

 

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